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Une SaintéLyon pour mon Grand-Père

Chez Morrissette Racing, nous n’avons pas pour habitude de faire les choses à moitié, on aurait bien aimé démarrer la course historique directement par Le Mans Classic mais cela n’était pas possible. Il en est de même pour la course à pied, lorsqu’on a décidé d’essayer le trail on s’est directement inscrit à la SaintéLyon, la grande, la solo avec ses 72 km et ses 1740 m de dénivelé positif.

Ceux qui me connaissent savent que je fais beaucoup de course à pieds, mais je le fait principalement pour moi. Je me lance des défis personnels pour ma propre satisfaction et ne recherche pas particulièrement la reconnaissance des autres. C’est pour cette raison que je ne juge pas utile d’inonder les réseaux sociaux de mes entrainements. Je pense que vous avez tous d’autres préoccupations que de savoir si j’ai fait 5 tours de Parc Monceau à 12 km/h ou plutôt enchainé les montées de Montmartre à 10 km/h.

Il m’arrive parfois de vouloir terminer une épreuve ou ramener une récompense pour des personnes qui me sont chères. J’ai ainsi tout fait au moi de juin pour ramener un trophée de la course ASAVE GT Tourisme de Charade pour un membre de ma famille hospitalisé. C’est également pourquoi, suite à la disparition récente de mon Grand-Père, que j’ai décidé de prendre le départ de la SaintéLyon pour lui, pour qu’il soit fier de moi.
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Départ Sainté.
La SaintéLyon, comme son nom l’indique se déroule entre Saint-Etienne et Lyon à quelques battements d’ailes de milan (un oiseau cher au cœur de mon Grand-Père) de l’Auvergne ou celui-ci a passé toute sa vie. Ce dimanche à minuit, l’émotion est donc importante au moment du départ du fait de la minute d’applaudissement dédiée aux victimes des attentats du 13 novembre mais également de ma motivation toute personnelle.

Après avoir lu et relu les différents conseils relatifs à la SaintéLyon je tente d’appliquer ceux-ci à la lettre. Ne pas abuser de la pasta party et éviter la sauce, partir doucement pour ne pas se cramer dès les premiers kilomètres. Je pars donc doucement, en me calant sur un rythme de 6 minutes au kilomètre et en marchant dès que la route s’élève, je me rends rapidement compte que malgré tout je cours trop dans les montées et me règle petit à petit sur le rythme du peloton.

Avec plus de 6000 partants lancés sur les petits chemins au dessus de Saint Etienne, les sentiers prennent rapidement des allures de périphérique parisien et ça bouchonne dès que les chemins se rétrécissent. Je me mets dans le rythme petit à petit en essayant de descendre le mieux possible et en respectant les distances de sécurité (comme sur la route) afin de voir ce qui se passe devant.

Je profite de l’atmosphère de la SainteLyon avec notamment les cheminements de lampes frontales sur les chemins vallonnés. Le ciel est totalement dégagé, ce qui nous permet de voir les étoiles. Je suis sûr que mon Grand-Père nous voit depuis son étoile et j’espère qu’il aura vu ma frontale, modeste petite étoile à l’assaut des chemins entre Saint Etienne et Lyon.
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Sainté Nuit 1.
En un peu plus d’une heure quarante j’arrive au premier ravitaillement situé à St Christo en Jarez, le barnum est totalement bondé, difficile d’accéder au ravitaillement solide et liquide ou bien encore de remplir les poches à eau. Je prends une pate de fruit et continue, sachant que j’ai assez d’eau pour tenir jusqu’au second ravitaillement.

A partir du 20ème kilomètre, je sens que l’eau que je bois à du mal à descendre et que mon estomac commence à faire des siennes. Plus les kilomètres défilent, moins les aliments et les boissons passent. Pire mon estomac me gratifie de nombreux reflux qui m’empêchent de respirer correctement et occasionnant des points de cotés. Pourquoi ces douleurs ? Je n’en ai aucune idée, est-ce des restes de la fatigue post Marathon de New-York ? L’eau froide dans la poche à eau ? Les pates peu appétissantes au départ ? Un corps non habitué à courir au milieu de la nuit ?

Au 25ème kilomètre, la situation s’empire et un arrêt d’urgence sur le bas coté pour vomir est obligatoire. J’ai l’impression que ca va mieux et continue jusqu’au ravitaillement de Sainte Catherine, la situation est encore pire qu’au ravitaillement précédent, toujours pas d’eau pour les poches à eau et impossible d’accéder aux tables de ravitaillement. Je réussi à récupérer une bouteille de St Yorre pour remplir ma poche à eau et continue. Je ne souhaite pas m’éterniser à ce point de ravitaillement pour balayer toute idée d’abandon.
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Sainté Nuit 2.
L’impression d’aller mieux s’estompe cependant rapidement dès que la route s’élève de nouveau. Lorsque la route monte, je suis très rapidement essoufflé et lorsqu’elle descend les secousses ballottent mon ventre et m’obligent à ralentir. Deux nouveaux arrêts d’urgence seront nécessaires pour rejoindre le ravitaillement du 40ème kilomètre situé à St Genoux. Malgré la satisfaction d’avoir dépassé le point culminant de la SaintéLyon, il faut se rendre à l’évidence je n’ai plus d’essence dans le moteur. Lorsque je marche j’ai du mal à garder une ligne droite et pourtant je n’ai pas bu une goute d’alcool. Je décide de tenter de me refaire une santé à St Genoux en y restant 5 minutes et en tentant le tout pour le tout avec du Coca. Au final, j’y passerais plus de 15 minutes a péniblement réussir à boire un gobelet.

L’idée de l’abandon se fait de plus en plus présente. Il faut se rendre à l’évidence, j’ai du mal à respirer correctement, je n’ai plus de force et je ne me vois pas continuer encore 32 kilomètres. Quel intérêt de faire 10km de plus si c’est pour abandonner au prochain ravitaillement ? Dois-je continuer avec le risque de blessure que cela peut comporter en cas de chute contre une pierre ou un arbre ? Je tente de prendre une décision rationnelle et l’abandon semble la meilleure solution. Je fais même la queue devant le bureau des abandons avant de me ressaisir « non je ne peux pas, il faut au mois essayer, si tu ne le fais pas pour toi fait le pour ton Grand-Père » Electrisé par cette décision je repars et ou bout de quelques mètres j’ai froid pour la première fois. Je rajoute une couche et continue mon chemin.

La route se fait plus descendante et me permet de courir plus que de marcher. Je passe mon temps à faire des calculs mentaux pour savoir quelle est la moyenne à tenir pour arriver à Lyon avant 15h, la barrière horaire de la SaintéLyon. Toute notion de chrono est définitivement abandonnée et seul finir compte. Initialement je me prenais à rêver d’un chrono en moins de 10h pour décrocher une SaintéLyon de bronze, cela n’aurait de toute façon pas suffit car mon Grand-Père était un homme en or.
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Lever Soleil Lyon.

En approchant du ravitaillement du 51ème kilomètre le soleil commence à se lever et redonne espoir, il y a également de plus en plus de route mon domaine de prédilection. Je me rends compte que je n’ai pas une foulée de trailer mais bien de pur routard. Je n’ai pas de foulée lente et économique, soit je marche, soit je cours rapidement, il me manque une vitesse intermédiaire.

Depuis le lever du soleil, les kilomètres défilent et je double ce qui est bon pour le moral. Je me remets à me fixer des objectifs chronométriques, arriver avant midi puis arriver avant 11h. Sur les 20 derniers kilomètres je me fais enfin plaisir, mon ventre n’est toujours pas au top mais il est sous contrôle. Mon régime de coca aux ravitaillements et de boisson énergétique dans la poche à eau semble fonctionner et les jambes peuvent enfin tourner. Je gagne plus de 500 places au classement général et je finis en sprint en arrivant à Lyon, la descente des marches se fait tambour battant (merci les entrainements à Montmartre) avant de tout donner jusqu’à la Halle Tony Garnier.

C’est fait je suis Finisher de la SaintéLyon 72km au terme de 10h38 d’efforts, je l’ai fait pour toi papy mais aussi pour moi. J’espère que je ne vous ai pas dérangé avec mon article car mon Grand-Père lui a passé sa vie à tout faire pour ne pas déranger les gens.
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Finisher SaintéLyon.