6 cylindres en ligne double arbre, structure monocoque, suspensions arrières indépendantes, 4 freins à disques, 240 km/h en vitesse de pointe … le tout pour la moitié du prix d’une Ferrari, c’est ainsi que la Jaguar Type E se présente aux journalistes du monde entier lors du Salon de Genève 1961. Ce matin, le 81ème Salon International de l’Automobile de Genève à ouvert ses portes, la Jaguar Type E fête donc aujourd’hui officiellement ces 50 ans.
A son lancement la Jaguar Type E bénéficie directement de l’expérience acquise en compétition grâce notamment aux cinq victoires obtenues aux 24h du Mans avec les Types C et D. Elle remplace au catalogue Jaguar la XK 150 lancée en 1957 dont elle reprend le moteur 3,8 litres, 6 cylindres en ligne, double arbre à cames en tête.
Jusqu’à son lancement le secret de la Jaguar Type E a été très bien gardé, les études ont commencé dès 1957, ce sont poursuivies avec la Jaguar E2A pour aboutir à la version définitive présentée en 1961. Le véhicule présenté à Genève sera prêt au dernier moment et convoyé jusqu’au salon de Genève par la route, Norman Davis, pilote d’essai Jaguar traversant l’Angleterre et la France de nuit et dans le brouillard pour acheminer la voiture à temps.
La Type E est présentée par Sir William Lyons en personne à Genève et elle est incontestablement la star du salon. Le public plébiscite la voiture et la presse ne tarit pas d’éloge à l’égard de la dernière création de Jaguar. La voiture allie qualités esthétiques et mécaniques et elle est proposée à un prix défiant toute concurrence. Son prix est deux à trois fois inférieur à celui de ses concurrentes (Ferrari, Aston Martin) et pratiquement équivalent à celui d’une Porsche 356 qui est cependant nettement moins performante.
Le succès auprès de la presse et du public se traduira rapidement par un immense succès commercial notamment aux Etats-Unis ou sera écoulée une grande partie de la production de la Jaguar Type E.
Les grandes évolutions de la Jaguar Type E :
La série 1 (1961 – 1967)
Présentée en mars 1961 au salon de Genève, sa commercialisation se fait à partir du printemps 1961, l’usine ayant du mal à satisfaire toutes le grand nombre de commandes. Les premiers modèles se caractérisent par un plancher plat, celui-ci sera rapidement abandonné pour des questions d’habitabilité. Les premiers modèles sont équipés de sièges baquets et la console centrale est en aluminium bouchonné.
A partir de 1964, le bloc XK est réalésé et passe de 3,8 litres à 4,2 litres, la puissance reste inchangée mais le couple augmente légèrement. Cette évolution du moteur s’accompagne d’un changement de boite de vitesse, une boite Jaguar entièrement synchronisée remplace la boite Moss. L’habitacle est également modifié avec des sièges plus confortables et une console centrale entièrement recouverte de vinyle noir.
En 1966, une version 2+2 offrant plus de places aux passagers arrières vient s’ajouter au catalogue. Elle se caractérise par un pare brise plus vertical et un pavillon de toit plus haut. La Jaguar Type E est désormais disponible en trois versions : coupé, cabriolet et 2+2.
Début 1968, la type E évolue de manière importante, cette série sera officieusement baptisée série 1,5 retrospectivement car elle reprend une grande partie des évolutions de la future série 2 qui sortira quelques mois plus tard (phares, habitacle, carburateurs). Cette version ne sera produite que durant quelques mois.
La série 2 (1968 – 1970)
La Jaguar Type E évolue en profondeur , principalement pour se mettre en conformité avec la législation américaine. Les phares sont désormais plus gros et n’ont plus de bulle de protection, les feux arrières sont également modifiés et beaucoup plus gros. L’entrée d’air à l’avant du véhicule est élargie afin d’améliorer le refroidissement, problème récurent sur la Type E. Les pare-chocs sont modifiés et implantés plus haut, ceux-ci sont plus gros et plus enveloppants.
Pour se mettre en conformité avec les normes antipollution américaines, les trois carburateurs SU sont remplacés par deux carburateurs Stromberg ce qui entraîne une baisse significative de la puissance moteur.
A l’intérieur, la console est modifiée et de gros interrupteurs basculants remplacent les fins basculeurs de la première série. La Jaguar Type E série 2 est la dernière équipée du moteur 6 cylindres en ligne XK.
La série 3 (1971 – 1973)
La principale évolution de la série 3 est le changement de moteur, le 6 cylindres en ligne de 4,2 litres est remplacé par un V12 de 5,3 litres. Ce changement de moteur entraîne des évolutions esthétiques, notamment l’agrandissement de l’ouverture à l’avant du capot pour alimenter le V12 en air frais. Les voies sont également élargies ce qui permet d’améliorer l’habitabilité de la Type E qui était il est vrai peu adaptée au gabarit du conducteur américain moyen qui constituait pourtant le gros des ventes de la Jaguar Type E.
La production de la Type E s’achèvera par une série limitée de 50 cabriolets, tous noirs et porteurs d’une plaque commémorative en cuivre. En 1975 la XJ-S est lancé mais celle-ci ne remplace pas officiellement la Type E et ne la remplacera jamais dans le coeur des fans.
Depuis 50 ans, la Jaguar Type E est l’icône de l’automobile britannique, et des gentleman driver, si ses performances sont désormais dépassées, elles ne sont pas pour autant ridicules et aucune sportscar moderne ne peut se prévaloir d’avoir la classe de miss E. Happy Birthday Miss E !